lundi 27 février 2012

Les elles du désir

Léon Bonnat: idylle


La femme des présents n' est pas harpie hurlante,
Vociférant de rage aux vengeances aigries,
Consumée de rancoeurs, par la haine amaigrie,
Tel un récif défiant les vagues déferlantes.

Son voeu inavoué n' est pas de vivre comme
Les si vils ambitieux si bien formés aux courses
Des honneurs;ces maîtres d' immonde forts en bourse,
La femme de demain ne sera pas un homme.

Ce n' est qu' une cavale au galop débridé,
Elle est déboussolée, juste en quête d' un pôle,
Avide d' un gouvernail viril, une épaule,
Un miroir pour lisser son étang noir ridé.

C' est la cire brûlante informe de l' empreinte
Seule apte à imprimer en un mâle dessin,
L' aura mystique et tendre et solide des saints
Pour sculpter son essence d' une noble étreinte.

jeudi 9 février 2012

Damier

De la Tour: Marie Madeleine


Un soir de sang, le jour s' épanche,
Feu crépuscule, ombre dorée,
Blafarde lune, oeil abhorré,
Feras tu rougir ma nuit blanche?

Le temps s'écoule en perfusion,
Imagerie interstellaire,
Ombre et lumière gémellaires,
Bercez moi de vos illusions.

Entre lave et gelée, quel choix!
Ma délictueuse Psyché,
Idolâtre de Manichée
Ce sombre dilemne t' échoit,

Plus blanche et pure que rosée,
De l' aube au soir toujours en friches,
Jamais la ténèbre ne triche
Une fois l' aurore arrosée.


Quand le couchant mon ciel irise,
Le noir, le blanc entrent en guerre,
Je refuse l' instinct grégaire,
Accordez vous car je suis grise.

mardi 7 février 2012

usager sans fierté




Orfeenix N' aime pas les liens superficiels,
La cuisine , l' humeur, l' air du temps et les fripes,
Qu' on parle vrai, bon sang, du tréfond de nos tripes,
Le terrien quoi qu' on dise est bâti pour le ciel.

Assez des morts vivants, ces consentants otages,
Ces pseudos révoltés hurlant avec la horde,
Bouches grandes ouvertes qui jamais ne mordent,
Mains tendues au butin d' un singulier partage.

Qui donc a des regards transperçant la matière,
Quelle main peut toucher l' âme , tissu précieux,
Quelle oreille entendra tous les cris silencieux
Des affamés du beau, toute leur vie entière.

Désamorçons ce site chargé de virus,
J' aspire à pleins poumons le doux parfum des êtres,
Purifiés des dépouilles de leurs anciens maîtres,
Les tyrans , les traders, les césars, les Pyrrhus;

Ces adulateurs d' or tâché d' encre de suie,
Ces fauteurs d' incendies, d'anciens autodafés,
Assassins du savoir, béotiens empaffés
Ne m' enseigneront pas la lignée dont je suis.

vendredi 3 février 2012

non serviam mortem

Fra Angelico: noli me tangere



Où est ton aiguillon? Où donc est ta victoire?
Ta titanesque guerre n' aura laminé,
Tes sinueuses ruses n' ont contaminé
Aucune étoile éprise des échappatoires.

Tu peux ranger tes pièges, plier tes filets,
Tes simulacres vains, tes mensongers clystères,
Tous tes tours de magie n' ont plus aucun mystère,
Nul ne redoute plus tes lames effilées.

Je sais tes pauvres feintes d' immonde pécore,
Le vice et l' atavisme...Ah! Tu ne m'auras pas!
Qu' importe si parfois mon double dérapa,
Mais non! L' esprit n' est pas mort car je pense encore.